Nous, les artistes comme on dit, on serait leurs cosmonautes. Nous partons explorer les planètes des émotions devant vos yeux ébahis, ou non.
Puis noir. Silence. Tout le monde se replace. Lumière. Les corps résonnent encore. Reprendre pied sur terre, demande autant d'energie que de ramener une fusée de la lune. Mais nous, on a pas de parachutes.

C'est une sensation intense, vous savez. Claps claps rhytmés ou "bouhouh" enflammés. Si le spectacle est apprécié ou non, c'est selon. 
Cette nouvelle musique dans la salle : c'est le public. 
Ce public tant attendu : le fuel de notre fusée spectacle. 
Sur scène , c'est l'euphorie. Nous sommes au max de notre dose d'endorphines. Puis rideau. Lumière de service, Merci. Atterissage.
Bisous.

Attends quoi? Genre, je dois reprendre ma vie normale, là? 
Si tu croyais, qu'il y avait que dans stargate Sg-1 qu'on pouvait passer d'un monde à l'autre en 2 sec.

Un bout de tissu rouge poussiéreux : c’est aussi powerful qu’un mur blindé. 
Aussitôt fermé, l'arrêt est net. 
Le brouhaha s'éloigne. La scène se vide. Reprendre la vie "normale". Pas de follow spot sur moi le temps d'aller en loge?

(Je) loupe des sentiments . 

Les pupilles reprennent leurs formes initiales. Il faut partir. Laisser derrière soi la traîne d'émotions, ressentie x1000 donc, sur le plateau. 
Ce que j’ai vécu sur scène, c'était pas pour de vrai ? Merde.

Me frayer un passage entre ce que je viens de vivre en scène, et la loge, c’est un peu mon chemin de la mer Rouge à moi. Sauf que là : no Moïse, no miracle à attendre «  Débrouille toi pour te réunir en un seul morceau, Hilda »

Déçue de ma Presta ? Hashtag brasse coulée dans le vide. Mes yeux s'embrument de larmes, de rage, de tristesse, d'énervement.  Ou silence abyssale. 
Fière et heureuse de ce que j’ai fais? 

Me voilà méga star. Je me sens puissante comme ja-ja : Beyonce et Moi on est de la même team.

Laissant tomber la peau pailletée, a moitié make-upés ou en costumes , comme si rien, ou presque, ne s'est passé. Dans cette incarnation en mutation, mes collègues passent, m'entourent, me parlent. 
Un nouveau jeu silencieux s'instaure : qui arrivera à sortir en premier de ce lieu?

J’ai deux choix: 
Rester dans mon « art » : risque d’aspiration dans le trou noir « mirage » imminent. 
Ou
Sauter dans le grand bain réalité : la perte d’émerveillement m’attire comme un mardi soir 18h à chatelêt en temps de grève.

Habillée, recoiffée, plus qu'une porte en face de moi. Je me sens maintenant comme une apnéiste avant de plonger. 
Hyperventilation: Inspirer, souffler.
Finalement, le plus dur pour un artiste, ne serait-il pas d'accepter son hybride condition et d’apprendre à flotter ?
Vous avez 4h.